Jacques Companeez, scénariste et dialoguiste

Réfugié russe de 1951 à 1956

Jacob Kompaneizeff alias Jacques Companeez est né le 5 mars 1906 à Nijyn (Ukraine) dans une famille juive. Son père, Wladimir est docteur en médecine. Après avoir obtenu son baccalauréat au lycée de Saint-Pétersbourg, Jacob débute ses études à l’université. Il est contraint de les abandonner après seulement quelques mois à la suite d’une opération « d’épuration » menée par les bolcheviques parmi les étudiants : fils de médecin, il ne pouvait attester une origine prolétarienne.

Grâce à son père il obtient un passeport pour l’étranger et peut ainsi quitter la Russie en 1925. Il s’installe en Allemagne où il poursuit ses études à l’Ecole Polytechnique de Strelitz (Mecklenburg), et en sort avec un diplôme d’ingénieur électricien en 1929. Au cours de cette période, son père, ne pouvant concilier son éthique de chef de clinique avec les exigences du régime, met fin à ses jours. Jacob décide alors de ne plus jamais retourner en Russie.

Jacob se marie en 1930 avec Tamara Stein, une réfugiée russe bénéficiaire du passeport Nansen. Sa première fille, Irène, nait en Allemagne. Mais Jacob est chassé de son poste d'ingénieur électricien par les lois anti-juives. Il devient scénariste pour le cinéma allemand. En 1933, il écrit le scénario de Tausend für eine Nacht de Max Mack. Il est cependant de nouveau marginalisé et doit continuer le travail sous pseudonyme. De plus en plus menacé, il quitte l’Allemagne pour la France où il arrive le 5 mars 1936. Sa deuxième fille, Nina, y nait le 26 aout 1937.

Il poursuit en France son activité de scénariste. Il contribuera ainsi à plus de 80 films, notamment Les Bas fonds, de Jean Renoir qu’il adapte avec l'écrivain Ievgueni Zamiatine de la pièce éponyme de Maxime Gorki, et dans lequel jouent Jean Gabin et Louis Jouvet. Menacé sous l’occupation, Jacques continue cependant à écrire pour la société de production Continental sous pseudonyme, travaillant clandestinement à Nice et Juan les Pins de 1940 à 1944.

De retour à Paris, Jacques Companeez qui a jusque là conservé son passeport soviétique dans l’espoir de pouvoir faire venir sa mère en France réalise que cet espoir ne se réalisera jamais et que ses contacts avec sa mère mettent celle-ci en danger. C’est alors qu’il demande et se voit reconnaître le statut de réfugié en 1951. L’année suivante sort Casque d’or, un film de Jacques Becker avec Simone Signoret dont il est scénariste.

Jacques Companeez est décédé le 13 septembre 1956. Il a été naturalisé après son décès en 1957, en même temps que ses filles, la réalisatrice Nina Companeez et la cantatrice Irène Companeez.